Loona se réveilla un peu groggy presque à l’aube. Ce qui était inhabituel quand on savait qu’elle était rentrée à pas d’heure avec l’équivalent d’une citerne dans son sang. La chienne des enfers avait trop picolé et elle avait encore fini par envoyer des sexto à Zuko. Oh non. Elle avait envoyé des sexto à Zuko. Putain, putain, putain. Sa patte tâtonna le long de sa table de chevet et elle mit ses doigts dessus pour se redresser. Ses yeux mirent un certain temps à se faire à la lumière du portable et elle hallucine. Putain, elle a eu le bon sens de supprimer les messages mais elle en compte une dizaine. « Merde, merde, merde. » Elle l’a pourtant dit à ses potes de lui ôter son portable quand elle a un gramme six dans le sang. Elle inspire avant de voir le dernier… qui ne venait pas d’elle. Wait, Zuko, SON CRUSH, veut la voir ce soir ? Mais il est au courant cet abruti qu’il s’agit de la Saint Valentin ? Ou la fête où tu ne vois pas tes plans cul justement pour ne pas les faire espérer ? Il faut croire que Blitzø lui a laissé de bons restes. Mais bon, la louve le sait. Tout le monde le sait qu’elle va dire oui, passer trois heures dans la salle de bain pour se faire déglinguer dans les règles.

Et si… imaginons, il veut quelque chose de sérieux ?

Ok, elle devait en parler à Charlie. Sa sœur saura quoi faire puisqu’Angel lui conseillerait de lui sucer la… (déjà fait) ou encore de le ken (déjà fait aussi). Donc, elle sort en trombe du lit et part en courant sous sa forme de chienne des enfers et dévale les couloirs avant de tomber sur son père. Ça fera l’affaire aussi. Elle lui demande une minute à bout de souffle avant de le prendre dans ses larges pattes et le serrer contre elle. il faut croire que Lucifer est le seul être qu’elle câline comme une peluche. Même si sous forme humaine, il est plus grand qu’elle. Là, elle le surplombe d’une tête. La louve dépose un baiser sur le sommet de son crâne et se sent plus apaisée au contact de son père adoptif. Elle attrape un canard qui passait par là et lui pose sur son chapeau. « Je sors avec Zuko ce soir donc ne m’attend pas. » Elle le laisse, toujours en quête de Charlie avant de se tourner vers l’ange déchu. « Tu devrais sortir papa. Trouve-toi une gentille fille et emmène-la nourrir les canards ou manger un bout ? Personne ne devrait être seul pour la Saint Valentin. »

Quelques heures plus tard, ses cheveux sont coiffés en queue de cheval, sa robe assez courte pour dévoiler ses cuisses, des petites bottines et un collier ras-de-cou, elle est prête. En somme, il n’y a rien de nouveau dans sa tenue si ce n’est la robe qui est de couleur. Presque de couleur. Noir et rouge. Puis le fait qu’elle y a été légèrement sur le maquillage. Comme quoi tout arrive ? Elle se rend sur le lieu de rendez-vous avec le cœur au bord des lèvres qui bat un peu trop vite. Des rougeurs d’impatience naissent sur ses joues et elle se maudit d’être restée sous forme humaine. Elle est trop petite donc impossible de retrouver son grand dadais dans cette foule. Jouant des coudes, elle décide d’aller au comptoir et se hisse sur un tabouret avant de croiser les jambes, sortant son téléphone.

« T’es en retard. »

C’est bien beau de proposer un date mais encore faudrait-il être ponctuel ? Sans se détacher de son téléphone, elle constate qu’un mec la fixe. Merci la vision périphérique. « Charmante, absolument charmante. » Ok, gros débile à trois heures. Elle lève le museau pour le fixer de ses yeux rouges. « Dégage, j’ai un mec. » Pas vraiment mais elle compte bien à ce que ça devienne officiel. C’est bon en trois mois, elle aurait eu le temps de se taper la ville entière. Ou alors de se refaire passer dessus par Jedusor qu’elle avait envoyé bouler récemment. « Je suis pas jaloux. » Elle pose son téléphone à plat sur le comptoir, tapote dessus avant de vriller son regard à celui du mec. Pas mal, vraiment pas mal. Mais ses poils se hérissent, lui apprenant la présence de son cher et tendre dans l’endroit. Loona hésite entre rendre Zuko un peu jaloux ou entre foncer dans ses bras. Soupirant car elle n’est pas une gamine immature, elle pivote pour fixer son date avec un petit sourire en coin, le laissant venir jusqu’à elle. Ses joues deviennent quasiment cramoisies et elle replace une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Merde, elle n’est pas habituée aux rencards. Et elle s’autorise un regard à sa tenue. Oh putain, il est hot, elle est carrément foutue. « C’est lui ton gars ? Ricane le mec à ses côtés. » Eh merde, ouais, elle est carrément foutue.

Loona est nerveuse. Mais elle est toujours nerveuse quand elle se retrouve avec un individu de sexe mâle qui lui plaît. Comme avec Vortex. Elle avait été naturellement vers lui alors qu’elle était en mission avec IMP et s’était retrouvée devant lui avec ses grands yeux rouges pour vite déchanter. Il avait une copine et elle était déstabilisante Bee. Ensuite, elle a rencontré un autre chien des enfers mais n’a pas trop eu le temps d’approfondir sa relation. Qui aurait cru qu’en arrivant à Shadowfen, elle craquerait pour un humain ? Elle méprisait les humains. Au point de servir d’appât pour Blitzø afin qu’il gagne le pari pour Verosika. Mais Zuko était différent. Une flamme l’animait, une flamme dangereuse et ça lui plaisait. Il lui plaisait tellement qu’elle ne voyait pas du tout les autres mâles. Elle a d’ailleurs décidé de s’engager dans cette relation monogame de son côté, sans se douter un seul instant si lui l’était ou non. Après tout, il pouvait faire ce qu’il voulait. Même si elle arracherait la tête à toute femelle qui serait prise aux côtés de son sien. Le tout ne reposait pas uniquement sur une attirance charnelle. Elle aimait bien son caractère -aussi mauvais que le sien-.

Puis par chance, elle était pare-flamme.

L’avantage d’être née en Enfer. Il faut bien en avoir quelques-uns même si les chiens des enfers sont tout en bas de la hiérarchie infernale. Heureusement pour son père, il ne semblait pas trop s’inquiéter de cette éventualité. Il faut dire que l’ange déchu était… bah un ange. Elle a entendu tous les récits le concernant et a bien ri à ses côtés. Il faut croire que le petit canard a su apprivoiser la louve revêche. Comme Charlie qui est un vrai nuage. Ou plutôt un arc-en-ciel. Elle passe son temps à chanter mais ça va, Loona a appris à fermer ses grandes oreilles. Sauf quand on la siffle. Que ça soit pour demander son aide ou dire qu’elle est bonne. Si dans le premier cas, elle débarque enfin comme un bourrin. Dans le second, elle explose le gars. Sauf s’il s’agit de Tom ou de Zuko. Ils ont un laisser-passer.

Accoudée au bar, dans sa petite robe qui dévoile ses jambes, elle écoute le mec qui tente de la séduire. Alors si ça c’est de la séduction, il pouvait se rhabiller. Puis merde, c’est la Saint Valentin, ça se voit qu’elle est habillée comme si elle attendait un rencard. S’il la touche, elle lui en claque une et il finira encastrer dans le mur. Même si ledit mec est plutôt pas mal. Mais rien contre la beauté volcanique de son amant. « Il est où ton mec ? » En retard, visiblement. Pitié faites qu’il ne fasse pas comme Blitzø et se ramène avec un cadeau plein d’araignées. Elle a mis deux jours à toutes les déloger. Elle ne répond pas, sort son téléphone pour scroller sur instagram lorsque ses poils se hérissent et que ses narines se dilatent. L’avantage d’être un clébard, elle peut sentir son mec à des kilomètres.

Dans sa vision périphérique et rangeant son téléphone dans son décolleté, elle voit le mec tendre la main vers sa queue. Ça c’est un souci. Elle n’a jamais réussi à la faire disparaître. Comme lorsqu’elle est nerveuse, ses oreilles de louve ressortent. Qu’est-ce que Tom peut se foutre de sa gueule ? Elle grogne donc avant de servir un sourire éblouissant à Zuko. La jeune femme rougit lorsqu’il l’embrasse sur la joue et se raidit lorsqu’elle se sent attirée vers lui. Il n’en faut pas plus pour que ses oreilles apparaissant comme magie. « Putain de merde. » Elle tourne son regard vers lui alors qu’elle voit des flammes au bout de ses doigts. Dominable de merde. Levant les yeux au ciel, elle vient nouer leurs doigts avant de se tourner vers le pauvre garçon. Un grondement sourd monte dans sa gorge et elle dévoile ses crocs acérés. Malheureusement pour elle, elle ne peut pas lui défoncer le portrait. C’est une soirée supposée romantique et en plus de ça, elle porte une jolie robe. Donc soufflant un clin d’œil au pauvre mec désarçonné, elle attrape Zuko par la chemise et s’éloigne à grandes enjambées.

« T’es vraiment un dominable ! C’est pas possible. » La combinaison parfaite de dominant et minable. Elle le colle contre un mur non loin avec un peu trop de virulence à cause de sa force surhumaine. « Oh pardon ! » Loona grimace et vient se coller à lui, levant ses yeux maquillés vers ceux de sa moitié. « Et je serai à toi que si tu es à moi, mon cœur. Tu le sais très bien. » Ce qui n’est pas le cas. La demoiselle se colle sur la pointe des pieds, passe sa main dans sa nuque pour venir déposer ses lèvres sur celles du jeune homme. Il est bouillant. « Brûle pas ma robe, elle est toute neuve…, susurre-t-elle contre ses lèvres avant d’en mordiller l’inférieure. » Elle vrille son regard au sien, effleurant son nez. « Alors t’as prévu quoi pour ce soir ? »