Toc. Toc. Toc. Wendy sursauta sur sa chaise et se redressa en vitesse, arrachant presque une page du manuel de droit civil sur lequel elle s’était endormie 30 minutes plus tôt. Son coeur se mit à battre très fort dans sa poitrine et elle regarda rapidement partout autour d’elle. Son regard croisa celui d’une étudiante qui attendait à l’entrée de la salle d’étude qu’elle avait réservée pour une heure. Visiblement, son temps était écoulé. Wendy passa une main sur sa joue humide de bave et passa une main dans ses faux cheveux bruns pour les remettre en place avant de se dépêcher de ranger ses affaires. Elle ferma avec hâte et honte son manuel et le glissa dans son sac en toile avant de quitter la salle sans demander son reste. Elle avait tellement honte de s’être endormie sans même s’en rendre compte !

Au moins, ces quelques minutes de sommeil avaient été bénéfiques. Son cœur continuait à battre plus vite dans sa poitrine, mais elle se sentait légèrement revigorée. Malheureusement, elle n’avait pas beaucoup avancé sur le dossier qu’elle avait à rendre le mois prochain. Il allait véritablement falloir qu’elle se reprenne en main. Sinon, elle n’allait jamais pouvoir assumer sa double licence et il était hors de question qu’elle en abandonne l’une des deux.

Il fallait qu’elle trouve quelque chose d’autre. Ses pas la menèrent naturellement vers la sortie de l’université avec une grande hâte. Depuis sa rencontre avec Peter, la jeune Darling ne s’attardait plus dans ls couloirs des bâtiments. Elle errait de salle de classe en salle de classe et s’enfermait à la bibliothèque pendant des heures quand elle ne devait pas se rendre au travail. Mais cette après-midi, il fallait se rendre à l’évidence qu’elle ne serait pas capable de produire quoi que ce soit.

Elle hésita plusieurs longues minutes à l’arrêt de bus et décida de ne pas rentrer tout de suite chez elle. Son regard s’attarda sur un arrêt à Main-street qui se trouvait près d’un marchand de glaces qui avait attiré son attention plusieurs jours plus tôt : « La reine des glaces ».

Depuis qu’elle avait compris que ce qu’elle avait vécu avait inspiré un conte dans lequel on avait fait passer Peter pour un saint, ou peut-être que son histoire s’inspirait de celle-ci - à force, elle ne savait plus -, et pour peaufiner ses futurs récits, la jeune femme avait étudié les nombreux contes qu’elle avait put trouvé à la bibliothèque. C’était ainsi qu’elle était tombée sur celui de la reine des neiges. Est-ce qu’une Elsa aurait élu domicile à Shadowfen où est-ce qu’une personne fan de la reine des neiges s’était installé en ville ? Il fallait qu’elle en ait le cœur net. Car, si cette reine avait des pouvoir et qu’elle parvenait à l’approcher, peut-être pourrait-elle l’aider contre Peter ? Elle devait chercher des alliés absolument partout.

Lorsqu’elle arriva devant la glacerie, Wendy se sentit assailli par une certaine nervosité à nouveau. Elle prit une grande inspiration et tendit ses doigts pour ne pas chercher à les enfoncer dans sa paume, pour l’instant. Elle prit son courage à deux mains et entra dans la boutique pour regarder tout autour d’elle. L’endroit était cosy et diffusait des odeurs particulièrement agréables à ses narines. Elle cherchait le moindre signe que la personne qui tenait cet endroit était comme elle, venue de l’inspiration d’un conte.

J’étais habitué au froid de l’hiver, mais ce n’était pas le cas de tout le monde à Shadowfen et ma glacerie avait du mal à marcher. Je ne pouvais pas en vouloir aux clients et je ne m’inquiétais pas pour le chiffre d'affaires actuellement. Il n’y avait rien d’alarmant en tout cas pour le moment.

J’étais en train de faire le récapitulatif de mes commandes de la semaine prochaine lorsque quelqu’un entra. Une demoiselle qui devait être probablement plus jeune que moi, j’avais le sentiment qu’elle était nerveuse. Je me demandais bien pourquoi, je décidai alors de m’approcher de cette dernière.

- Bonjour et bienvenue à la reine des glaces !

Je ne l’avais jamais vue depuis que j’avais ouvert la glacerie, pourtant des gens qui rentraient et sortaient d’ici. J'espérais au fond de moi qu'un jour ma sœur passerait cette porte, le nom de la glacerie pouvait lui donner un indice sûrement. La cliente ne lui ressemblait pas, c'était un fait et je remarquai aussi qu'elle avait l'air beaucoup plus jeune que moi.

- Si vous vous des conseils pour faire votre choix, n'hésitez pas à demander. Je m'appelle Elsa...

Je n'étais pas là pour vendre le plus cher, mais pour satisfaire le client en lui servant une glace en fonction de ses goûts.

Wendy ne pouvait pas retenir l’anxiété qui faisait lentement son chemin dans chaque parcelle de son corps. Ses ongles titillaient sa peau fraîchement cicatrisée. Avant de partir pour son premier voyage au Pays imaginaire, Wendy était loin d’être une enfant timide. Elle était simplement rêveuse et ne souhaitait pas partir loin de ses livres et des histoires qu’elle racontait à ses frères. Néanmoins, après avoir été prise au piège pendant plus de 100 ans par son Némésis, elle se sentait angoissée à l’idée d’avoir la moindre interaction sociale. Elle avait espéré pouvoir se soigner avec le temps. Néanmoins, depuis qu’elle avait découvert que Peter était en ville, elle paniquait à la moindre ombre difforme. C’était ce qui expliquait son expression fatiguée et les cernes qui dévoraient ses yeux clairs.

Elle observa la boutique de vente de glace d’un œil distrait. Puis, lorsque la vendeuse se présenta avec un grand sourire et une longue chevelure blond platine, elle sentit son cœur s’accélérer. Les choses seraient potentiellement plus compliquées que ce qu’elle aurait espéré.

« Oh merci. » Sa voix était hésitante, tremblante. Elle dut reprendre une profonde inspiration pour pouvoir donner un sourire timide à la jeune femme aux longs cheveux blancs. Elle avait soudainement peu de doute quant à son identité, mais elle devait en être sûre. « Excusez-moi. Est-ce que je peux me permettre de vous poser une question peut être indiscrète ? »

Elle garda le silence pendant de longues secondes cherchant ses mots. Elle ne voulait pas paraître trop bizarre. Ce dont elle avait besoin, c’était de trouver des amis, des alliés pour faire face à Peter. Et s’ils étaient plusieurs à venir de contes à Story Brook, il était fort possible qu’elle trouve d’autres personnes comme elle. Peut-être même qu’ils connaîtraient ses frères.

« Est-ce que vous êtes la Elsa ? La reine d’Arendelle ? La reine des neiges ? » Questionna-t-elle d’une voix timide se sentant mal à l’aise de déranger cette jeune femme dans son travail.

Je venais d’accueillir cette jeune demoiselle et elle paraissait mal à l’aise, ce que je ne comprenais pas. Il y avait quelque chose qui lui tracassait à mon sujet et cela était indiscret visiblement. Je devais bien avouer que c’était la première fois qu’un client me demandait une telle chose. Il est clair que si elle était trop indiscrète, je ne pourrais pas y répondre, pas dans les détails en tout cas.

- Oui, bien sûr. Je ne vous garantis pas que j’y réponde.

Est-ce que je me méfiais ? Un peu, il fallait bien le reconnaître puisque je ne connaissais pas l’identité de cette demoiselle. Cette dernière savait plein de choses à mon sujet apparemment, mais elle ne venait pas de mon monde, je n'en avais pas le souvenir. Je trouvais cela très étrange et un million de questions me traversa l’esprit.

- Oui, c’est bien moi ! Comment tu sais tout ça ? Es-tu une habitante d’Arendelle ? Comment t’appelles-tu ?

Ça pouvait faire beaucoup d’interrogation, mais j’avais besoin de comprendre comment celle-ci savait tant de choses à mon sujet.

- Attendez, je vais aller vous faire une glace ou peut-être une boisson, si vous le désirez. On pourrait en discuter davantage, qu’en pensez-vous ?

Je me dirigeai tout de même vers le comptoir pour me prendre une boisson.

Wendy jouait nerveusement avec ses doigts. Elle luttait pour ne pas enfoncer ses ongles dans la paume de sa main. Elle avait de plus en plus de cicatrices qui entravaient sa peau. Pendant un temps, ses cicatrices avaient eu le temps de prendre une teinte plus blanchâtre, mais ces derniers temps, ces cicatrices étaient de plus en plus visibles et elles étaient surtout très fraîches.

« Disons que je me suis beaucoup renseignée sur les contes. » Répondit Wendy en se sentant d’autant plus mal à l’aise. « Je… D’une certaine manière je suis moi aussi originaire d’un conte… Il s’appelle Peter Pan. Sauf que les choses ne sont pas passées comme prévu et je m’étais dis que… Que… »

Elle eut soudainement beaucoup de mal à trouver les mots pour expliquer ce qu’elle cherchait en réalité. Du soutien ? Des alliées pour essayer de se protéger de Peter car elle était bien consciente qu’elle ne pourrait pas le faire toute seule.

« Je m’appelle Wendy. Wendy Darling. » Dit-elle.

Elle était tellement fatiguée, tellement à bout de nerf. Depuis qu’elle savait que Peter était en ville, c’était impossible pour elle de retrouver sa sérénité et un sentiment de sécurité. Elle ne se sentait plus en sécurité nulle part, et c’était pour cela qu’elle avait besoin de trouver des alliées, mais comment l’expliquer ? Il lui semblait avoir croisée Regina en ville, mais elle n’avait pas osé aller lui parler, Wendy se sentait toujours coupable vis-à-vis de Henry.

« Oui… Oui.. D’accord. » Dit-elle nerveusement en acceptant même si elle n’était pas certaine de pouvoir avaler quoi que ce soit pour être honnête.

Wendy continua de jouer avec ses doigts, les frottant ensemble et patienta en attendant la reine des neiges. Elle était tout de même contente de l’avoir trouvé. Au moins, cela lui confirmait qu’elle n’était pas la seule personne issue de contes pour enfant à se retrouver ici. Mais son histoire à elle, n’était pas totalement identique aux contes pour enfants. La Wendy du conte était heureuse de voir Peter, elle avait été totalement traumatisée.

Mon interlocutrice s’était renseigné sur les contes de fée, il existait donc dans ce monde. Je savais que la technologie était différente de mon univers, mais je n'avais pas essayé d’en avoir davantage. C’était vraiment intriguant, la demoiselle venait également de l’un d’eux appelé Peter Pan. Wendy voulut me dire quelque, mais cette dernière avait l’air d’hésiter.

- Comment ça ? Il existe plusieurs conte qui portent le même nom dont l’histoire est différente ?

La jeune Darling accepta que je lui prépare quelque chose, mais elle n’était pas très à l’aise. Avait-elle peur de moi ? Il est vrai que si la demoiselle connaissait le conte, elle savait sûrement que je n’avais pas le contrôle de mes pouvoirs à l’époque de mon couronnement. Je me devais de la rassurer, car je n’étais pas ma tante.

- Est-ce que tu aimes un parfum en particulier Wendy ? On dirait que tu es stressée Wendy. Je ne te veux aucun mal, tu sais.

Je me dirigeai vers le comptoir afin de me servir une boisson en attendant la réponse de la cliente. Je ne pus m’empêcher de penser à ce que celle-ci venait de me parler et c’était vraiment très étrange tout ça. J’en fis même geler un verre qui éclata au contact du froid et me blesse sur le coup.

- Merde !

Elsa ne semblait pas encore au courant de l’immensité des informations auxquels on pouvait avoir accès dans ce monde. Notamment à toutes les versions d’un même conte. Concernant la reine des neiges, la jeune étudiante avait tenté de se concentrer uniquement sur les contes qui finissaient bien et elle espérait tomber sur la bonne reine des neiges.

L’angoisse était toujours présente dans ses veines, Wendy continuait d’enfoncer ses ongles dans sa peau. Et elle hocha doucement la tête quand la jeune femme aux longs cheveux blonds lui demanda de confirmer ses propos.

« Oui… Comme pour votre histoire. Il en existe plusieurs versions… »

Sa voix était tremblante et mal assurée. Mais quand elle lui demanda si elle avait un parfum de glace préféré, la jeune femme avala sa salive et tenta d’y réfléchir. Voilà bien des années qu’elle n’y avait pas réfléchi.

« Euh… Je dirai la vanille ? » hésita-t-elle. « Je… Je sais. En fait… Je… »

Elle sursaute nerveusement quand elle entendit le verre se briser dans la main de la jeune femme et ouvrit les yeux ronds. Ses ongles s'enfoncèrent d’un coup dans sa peau et elle écarta les doigts en voyant ensuite qu’elle s’était blessée.

« Oh non. Vous êtes blessée ? Montrez moi, je sais y faire avec les blessures à la main. Est-ce que vous avez un tissu propre et du désinfectant ? »

La jeune femme prit la décision de passer derrière le comptoir sans réfléchir pour lui venir en aide. Elle avait tellement soigné les blessures et les coupures qu'elle s’auto-infligeait nerveusement à la main qu’elle était certaine de pouvoir soigner la main d’Elsa sans que cette dernière n’en garde des marques.

Ses mains toujours tremblantes prirent celle de Elsa dans la sienne qu’elle trouva très froide. Elle était impressionnée par ses pouvoirs. Si seulement elle aussi avait des pouvoirs…