Coraline était une jeune femme qui se sentait bien seule par moment. Certes, elle l’était depuis des années avant de terminer à Shadowfen. La jeune femme arrivait à s’adapter assez rapidement et donc à se faire à un nouvel environnement. Elle possédait une petite maison, payée grâce aux avoirs qu’on lui versait pour réaménager les espaces verts. Maison qui était toujours bien entretenue grâce aux bons soins de Dobby, son elfe de maison. Ce dernier lui avait demandé une petite demeure et une famille. Pour la servir mais elle n’aimait pas ce mot. Ensuite, elle avait son amie, Bonnie qui l’aidait à trouver le sommeil. Ce dernier était peuplé de cauchemars depuis qu’elle avait onze ans. De femme avec des boutons à la place des yeux, un corps longiligne et des griffes qui caressaient sa peau. De cette odeur de rance qui envahissait ses narines à chaque fois qu’elle fermait ses yeux. De ce poil soyeux qu’elle caressait, inconsciente dans son sommeil. Coraline était perturbée à cause de tout ça. Et si l’autre mère revenait pour s’en prendre à elle ? Le Chat ne cessait de lui dire que ce n’était pas le cas mais était-ce vrai ?

Elle dont toutes les histoires prenaient vie sous ses yeux.
Des contes qui avaient bercé ses journées, fait battre son cœur plus rapidement. Pouvait-elle réellement croiser Gandalf en allant chercher le pain ? Qui serait servi par Peeta d’Hunger Games ? Ou encore de faire un footing avec Captain America tout en prenant le thé avec Thor ? La jeune femme était une rêveuse, une grande rêveuse. Elle a rêvé toute sa vie du prince charmant. De celui qui la sortirait de sa tour d’ivoire dans laquelle elle s’était enfermée depuis des années. Mais comment faire ? Elle ne voulait pas du prince blond, avec les yeux bleus, qui serait grand et bien bâti. Pour deux raisons : Fiona ne termine pas avec Charmant qui est un vrai connard. Mais avec Shrek. Puis personne d’aussi séduisant ne se stopperait devant elle. Elle est insignifiante, pas franchement jolie et très gauche. Coraline a bon cœur mais elle est une ombre. Une ombre qui n’a pas confiance en elle et qui pourrait disparaître dans les murs quand elle fait face à quelqu’un.

Reposant son livre qu’elle vient de terminer, elle est songeuse. La demoiselle n’a plus rien à lire. Donc, elle soupira en se disant qu’il serait temps d’aller en acheter un autre. Sa maison est une librairie ambulante. Des livres de plantes particulièrement. Et son esprit se tourna vers Dorcas. La jeune sorcière qu’elle avait rencontrée et qui était en train de saccager sa pelouse. Si belle que Coraline en avait perdu ses moyens. Pas dans ce sens-là, évidemment. Mais les gens beaux l’intimidaient. Et sa question l’avait prise au dépourvu. Donc, elle s’était demandé si elle ne devait pas en apprendre un peu plus sur les plantes magiques ? Après tout, elle pourrait peut-être aider la sorcière ? Mais existait-il des ouvrages sur son monde ? Et pourrait-elle se faire un petit jardin pour semer des plantes magiques ? Imaginez deux secondes : une plante qui parle et lui répond. On a fait un jouet comme ça mais le cactus ne fait que danser et répéter. Est-ce qu’elle le possédait ? Bien entendu.

Attachant ses cheveux en chignon lâche, elle releva ses lunettes rondes sur son nez avant de se tourner vers le félin qui dormait sur le coussin. « Tu viens avec moi ? Je vais acheter des livres. » Il ouvrit un œil bleu perçant et maugréa que non. Sale matou qui n’écoutait rien. Elle leva les yeux au ciel, pesta avant de fourrer un bonbon dans sa bouche pour quitter sa demeure. Où était Dobby ? Le petit elfe faisait sa vie. Mais elle aurait lui donner pour mission de rechercher des plantes magiques. Ça pourrait être utile, non ? Pour Bonnie, pour Dorcas ? Mais elle ne voulait pas finir comme une dealeuse d’herbes magiques à tout refourguer sous son manteau. Non. Elle finirait en prison. Et Coraline en était certaine : l’argent n’irait pas à sa tenue.

L’air frais vint chatouiller son nez et elle renifla avant de sortir son mouchoir en tissu. Ce dernier était l’un des derniers artefacts qu’elle tenait de sa vie d’avant. Il avait appartenu à son père et son esprit dériva longuement vers ce dernier. Après tout, il était si étrange comme elle. A faire des « recettes » autrement dit des expériences culinaires que Coco reproduisait par nostalgie. Qui écrivait un roman que sa mère corrigeait et qui aimait bien les chats même s’il y était allergique. Elle se rappelait avec émotion la fois où il s’était pris des piqûres d’abeilles pour la protéger. Et elle n’avait pas hésité à sauter dans le piège les deux pieds joints pour le sauver. Mais la mort n’est pas l’autre mère et elle est inéluctable.

Donc poussant un soupir de regrets, elle fixe la devanture de la librairie se remémorant le souvenir de sa mère. Mel était moins douce que son époux. Elle qui avait refusé les gants vert fluo à sa fille pour lui offrir plus tard. Une femme rude qui aimait l’ordre. Un sourire vint naître sur les lèvres de l’Anglaise à mesure qu’elle prenait conscience de sa ressemblance avec ses parents. Son esprit fantaisiste comme son père et enfin l’ordre dont elle faisait preuve dans son travail comme sa mère. Même si physiquement, elle tenait plus de cette dernière.

Poussant donc la porte, elle entend le carillon qui sonne avant de laisser son regard dériver vers les lieux. Elle a un bon pressentiment mais n’a pas entendu la jeune fille arriver. Coraline bondit de terreur comme un chat pris en faute avant de tourner ses iris ambrées vers la demoiselle. Encore une fois, elle est si belle. Ses cheveux roux semblable à une cascade de flammes et ses yeux verts. Coraline est intimidée comme à chaque fois qu’elle parle à un autre être humain et joue avec ses mains. « Bon… bonjour, balbutie-t-elle maladroitement, je… je suis désolée. Je ne vous ai pas entendu arriver. » Toujours perdue dans ses pensées à voler avec Peter Pan et Wendy ou à se battre à l’épée avec Jack Sparrow. Elle déglutit. « Je… des livres sur les plantes magiques… » Elle baisse la tête, les joues chauffantes brusquement de sa timidité. « Je… cherche des livres sur les plantes magiques. Deux de mes amies sont des sorcières et j’aimerai les aider. » Comme si confier sa vie à une étrangère était une bonne idée ? Assurément que non.

Coraline était tête en l’air. Elle n’avait pas fait attention à la devanture de la librairie. Fleury & Bott. Pourtant, elle était fan d’Harry Potter. Elle avait lu tous les romans et avait attendu les films même si elle n’avait pas vu les derniers. Ils étaient mauvais selon elle. Donc la demoiselle avait fait l’impasse même si son crush sur Drago était confirmée. Comme approximativement toutes les femmes qui lisaient Harry Potter. Ou alors sur Fred Weasley. Il lui semblait que tout le monde crushait sur les Weasley. Ron était séduisant dans les romans. Et c’est encore perdu dans ses pensées qu’elle sursauta lorsque la jeune femme vint lui parler. Coco pivota vers elle et se recroquevilla instantanément sur elle-même. Sa timidité n’était plus à démontrer. Il n’y avait qu’avec Le Chat, Thor ou ses amies les plus proches qu’elle ne l’était pas. Sinon, avec le restant du monde, elle pouvait l’être et butait sur tous les mots. La jeune femme détailla la vendeuse et elle était jolie. Avec ses yeux verts et sa chevelure enflammée. Lily Potter ou Ginny Weasley ? Non mais son esprit était trop entraîné vers les sorciers pour qu’elle ne puisse discuter d’autres choses.

« Par Merlin, répéta-t-elle en inclinant la tête. » Les fils commencent doucement à se brancher. Après tout, elle était amie avec Dorcas et Dorcas disait toujours cette expression. Etait-ce quelque chose qui était relatif aux sorciers ? Elle ne saurait le dire tant elle était décontenancée par ce que dit la jeune femme. « Oh celles qu’on peut faire pousser ici. » Après tout, elle avait parlé un peu vite. Une idée saugrenue germa dans sa tête. Et si la petite rouquine était amie avec Lord Voldemort ? Non, il y avait peu de chances pour que Voldemort soit en ville. Elle n’a croisé personne sans nez ici. « Euh… Vous travaillez pas avec Tom Jedusor ? » Dorcas venait d’Harry Potter et avait des airs de rebelles. Son amie ne lui avait pas dit ce qui s’était produit dans son monde. Mais il faut dire que Coraline n’a pas demandé non plus.

Jouant avec ses mains, elle se balance d’avant en arrière, écarquillant les yeux. Non, elle avait un bon feeling avec la jeune femme. Donc il y avait peu de chances qu’elle soit aux côtés du dark lord. Puis si elle le rencontrait, il voudrait sans doute la tuer comme l’autre mère. Donc autant éviter de mentionner quelqu’un d’aussi détestable. « Dorcas a une baguette et Bonnie dit : phasmatos a tout bout de champ. » Enfin, c’était la diction de ses sorts. Elle l’avait entendu en prononcer de temps à autre. « Je me demande d’ailleurs si phasmatos, ça a un rapport avec les phasmes. » Évidemment que non, espèce de bécasse.

Suivant la vendeuse, elle arrive dans le rayon de la magie. Et ses yeux marrons se posent automatiquement sur une grosse brique. Elle la tire donc et manque de tomber en arrière. « Vous aussi vous venez de Poudlard ? » Non mais était-elle la seule nulle en ville à ne pas avoir de pouvoirs en plus d’avoir une grâce de phacochère ? Rousse avec des yeux verts. Coraline cherche dans sa mémoire. Lily Potter est morte donc il y avait peu de chances pour ça soit elle. Sortant de ses rêveries insensées, elle reporte son attention sur les étagères. « Je suis paysagiste, murmure-t-elle d’un ton absent, donc je connais un peu les plantes mais je veux savoir les propriétés magiques pour mon jardin. »

C’était une idée stupide. « Vous pourrez le faire vous-même, continue-t-elle de débiter, le faire en plusieurs petits ouvrages. Une sorte de guide d’herbologie pour les paysagistes débiles qui veulent faire un jardin pour leurs amies sorcières ? » Comme si elle serait capable de sortir un livre de dix kilos d’une bibliothèque. « Je demanderai à mon… » crush. Elle faillit dire crush mais se reprit à la dernière minute. « colocataire est un dieu nordique. S’il soulève ça, c’est comme s’il vous soulevait vous. » Se rendant compte de ce qu’elle voulait dire, elle se sentit blanchir et manqua de lâcher l’histoire de Poudlard sur leurs pieds. « Je ne veux pas dire que vous êtes… enfin vous êtes très belle. Mais il a de la force. Donc je lui demanderai de venir le chercher. » Elle fit un petit sourire plus doux avant de resserrer l’ouvrage le long de son corps avant de tendre la main. « je me nomme Coraline Jones. »

Maintenant que Coraline avait Dorcas dans sa vie, elle comprenait un peu mieux comment Poudlard fonctionnait. Et que ce dernier n’avait rien à voir avec ce que J. K Rowling avait écrit dans ses romans. Elle l’écoutait avec attention alors qu’elle plantait ce qu’il fallait pour faire plaisir aux sorciers. Après tout Bonnie allait sans doute en avoir besoin aussi. « C’est clair. Et il aime les serpents. Faut pas être net. » Elle réprime un frisson. Bien que Coraline ne soit pas du genre à craindre les serpents. Elle n’aimait pas trop Tom Jedusor à cause de son racisme et du fait qu’il soit un peu trop vindicatif à son goût. « De nom. Je l’ai lu. » Elle restait évasive comme avec Dorcas pour ne pas avoir à dire à cette jeune femme qu’elle était tirée d’une histoire pour enfant. Ou adolescent. Tout dépendait de quel point de vue on se plaçait. « Oh oui, elle a saccagé ma pelouse. » Et pour cause que Coraline avait l’intérêt de son parterre à cœur. Elle qui tentait d’aménager les espaces verts pour qu’ils soient plus vivables. Et plus jolis aussi. Elle s’arrachait pas mal les cheveux le soir couchée dans son canapé avec les jambes étendues sur un dieu. « Phamatos c’est un sort. J’ai une autre amie sorcière mais elle ne vient pas du même univers que vous. » Comme elle ne venait d’aucun. Le sien était peuplée de mère avec les yeux à la place des boutons et qui voulaient manger les enfants.

« Non, je suis normale. C’est mon chat qui parle. » Coraline se sentit si ordinaire pour le coup. Elle ne pouvait pas brandir de marteaux magiques. Elle ne savait pas lancer de sort ou faire léviter des gâteaux. Elle ne pouvait pas disparaître et encore moins résister aux chocs. La trentenaire était des plus banales et s’étonnait que les gens s’intéressent à elle. Nigaude, maladroite, timide et renfermée. Elle apprenait à s’ouvrir au monde au contact de son entourage mais restait une fleur fragile. Semblable aux roses que l’on pouvait trouver dans le jardin d’Alice. « J’aime jardiner. Après avoir vécu un truc pas cool… » Euphémisme du siècle dernier. Vraiment Coraline, tu en tiens une couche. « je me suis plongée dans le jardinage. C’est mon métier. Je suis paysagiste. Enfin, je réaménage les espaces verts de Shadowfen. » Et dire qu’elle était parvenue à se faire une place dans cet univers. Alors que chez elle, elle demeurait toujours exclue à veiller sur l’endroit où tout avait eu lieu. Avec Le Chat en guise de partenaire.

« Oui. Nous sommes arrivés le même jour. Je vis en colocation avec Thor, le dieu du tonnerre. » Et pas celui des Marvel mais le véritable dieu. Amnésique et qui ne se rappelait plus qu’il mangeait ses boucs à ses heures perdues. La jeune femme ne savait pas s’il y en avait d’autres. Après tout, vu sa chance, les soucis viendraient à elle tous seuls. A la simple pensée du très séduisant blond, la jeune femme se mit à rougir. Et enfonça sa tête dans ses épaules. Tenant l’histoire de Poudlard sous le bras, elle écouta la libraire en se demandant quel pourrait être son nom. Ginny ? Elle serait plus en train de faire du sport que de vendre des livres. Et elle eut la réponse. Ses yeux vinrent s’agrandir et elle laissa tomber le livre au sol. « Lily ? Attendez Lily Potter ? » Elle en tomba presque à la renverse. Sa mort et celle de son mari étaient le déclencheur de toute la saga Harry Potter. « Mais mais mais vous êtes morte. Jedusor vous a tué avec James. C’est d’ailleurs comme ça que l’histoire a commencé. Harry Potter, le garçon qui a survécu. Waouh. Waouh. » Elle ne se rendit pas compte qu’elle lâchait bombe sur bombe et vint réduire sa distance d’avec la rouquine. Coraline posa ses mains sur les bras de Lily. « Comment c’est possible ? J’ai versé des torrents de larmes quand il est venu sur votre tombe… » Ses yeux ambrés rencontrèrent ceux émeraudes de la jeune femme et elle vint se ressaisir quelques secondes après. « Oh je suis désolée. Je ne voulais pas vous rappeler un évènement pénible. Chez moi, l’histoire de votre fils est un livre. Enfin non, sept. »

Coraline ne se serait pas attendue à sympathiser avec la libraire en passant le pas de la porte. Elle était si timide qu’il était parfois compliqué pour elle de ne pas bafouiller. Ou alors elle partait dans des pensées impossibles. Oiseau de mauvais augure, elle apprenait souvent les mauvaises nouvelles aux personnes qui côtoyaient sa vie. Donc la jeune femme désirait que le tout se passe bien et elle marchait un peu sur des œufs en compagnie de la demoiselle dont elle ignorait toujours le nom. Distraite, elle n’avait pas fait attention à la devanture mais vint à comprendre en laissant son regard vagabonder sur les étagères. Fleury & Bott. Un lieu phantasmagorique pour cette fan d’Harry Potter. Certes, elle ne cautionnait pas ce qu’avait dit l’autrice mais l’univers était ouf. Elle était trop fan. Et la rousse lui faisait penser à Ginny Weasley. En plus elle connaissait Dorcas que l’anglaise appréciait. Elle avait un franc-parler comme Coraline et était aussi maladroite qu’elle. « Elle m’a proposé de réparer la pelouse, oui. Je l’ai regardé en mode : comment ? Et donc on a convenu que j’allais lui apprendre à faire pousser des plantes. Ou alors j’ai pour projet aussi de faire un jardin d’herbes pour vos potions. » Elle se sentait si nulle de n’avoir aucun pouvoir. Après tout, elle vivait avec un Dieu. Un dieu du tonnerre et de la foudre. Un peu crétin. Mais elle l’aimait.

« Oui. En fait, nous nous sommes rencontrés quand j’avais onze ans. Je me suis perdue dans un autre monde avec un monstre et il est venu m’aider. Depuis, on ne s’est plus quittés. Il est un peu magique. » Pour cause que s’il avait été normal, il serait mort depuis longtemps. Sa voix était celle d’un homme contrairement à celle de Coco qui restait fluette malgré les années. Et il était d’un cynisme à toute épreuve. Étonnant de voir qu’il avait plus d’amis qu’elle. Mais Coraline était exaspérante par moment même si sa maladresse la rendait attendrissante. « Bien sûr. Si vous voulez, on trouve les livres et après on se colle à l’arrière avec un thé pour discuter. » Elle eut un petit sourire avant de froncer les sourcils lorsqu’elle voit une ombre au-dessus d’une étagère. Elles n’étaient pas seules ? Pourtant l’endroit avait l’air tellement désert.

Elle suivit la rouquine dans les rayons avant de commencer à jacasser sur Thor. Aussitôt, la brune se transforma en une véritable tomate. Il faut dire qu’elle avait beau assumer ses sentiments pour le géant blond, elle savait que la chose n’était pas réciproque. « Ce n’est surtout pas de tout repos. Il casse tout. Je dois tout lui expliquer. En plus, il est amnésique donc c’est à moi de trouver des informations pour combler les trous. » Comme sa femme par exemple. Ce qui mettait la jeune femme grandement mal à l’aise. « Mais il est adorable. Et très con… enfin confortable pour faire dodo. » Elle était assez niaise pour admettre qu’elle ne dormait bien que dans ses bras cette imbécile. Et sans pour autant se déclarer ce qui rendait Le Chat complètement fou.

Les yeux ronds comme des soucoupes, elle regarde Lily Evans-Potter et manque de tomber à la renverse. Encore une fois, Coraline avait lu Harry Potter une bonne centaine de fois. Donc elle était au fait de toute l’histoire. Alerte, elle s’apprêtait à la rattraper au cas où. Grimaçant, elle s’approcha de la future mère de héros pour poser une main réconfortante sur son bras. « Je suis désolée. En fait, le professeur Trelawney a parlé d’une prophétie concernant votre fils ou Neville. Et donc Tommy Tomtom a choisi votre famille. Vous avez fait le sortilège pour rester secret mais vous avez choisi le mauvais gardien. » Ses doigts caressent le derme pour essayer de la consoler. « Désolée de vous l’apprendre mais… Pettigrow est un traître. Et de la pire espèce, ce connard. » Elle se tut, consciente qu’elle en disait trop. Ses yeux firent la navette entre le visage de Lily et son ventre. Elle ne semblait pas enceinte et jeune, contrairement à Coco.

« Oui, votre fils. Harry Potter. Il a été élevé par ta sœur, Petunia. C’est une connasse. Elle l’a fait dormir dans le placard sous l’escalier. » Coraline hoche la tête et se rapproche un peu de la demoiselle. Sa main vient cette fois-ci autour de ses épaules. « Je sais que James n’est pas mort. Respire. Vous mourrez ensemble. Mais tout est réécrit ou faux. On sait pas. » Sa main caresse le dos de la jeune femme et elle a un sourire attendrissant. « Je suis sure que James fait l’imbécile quelque part. Et tu veux que je te dise : je suis quasi certaine que tu le retrouveras très bientôt. »

Coraline rencontrait trop de sorciers. Elle en avait conscience. Et elle se sentait de plus en plus normale alors qu’elle ne l’a jamais été. Après tout, la cat lady avait un chat qui parlait et qui était d’un cynique. Elle eut une petite moue amusée en écoutant Lily lui parler de Dorcas. Elle n’a jamais eu d’amis durant ses études. Toujours laissée pour compte car elle était bizarre. Et maintenant qu’elle avait dépassé la trentaine, elle traînait avec des filles beaucoup plus jeunes comme Dorcas, Lily, Bonnie ou même Sophie. C’est étrange, très étrange même. « Si j’arrive à coller les mains dans la terre a un dieu nordique, je peux y parvenir avec une sorcière comme Dodo. » Elle était si solaire, sa nouvelle amie. Là où Coraline ne l’était pas. Elle n’était qu’une potiche qui prenait racine comme les arbres qu’elle plantait. « Bah je demanderai à une de mes nombreuses amies sorcières de lancer un sort sur mon potager si y’a que ça. Et puis bon, j’ai un Chat qui parle et un dieu comme colocataires donc je ne m’en fais pas pour mes plantes. » Et s’il prenait l’envie à Voldemoche de venir la voir, elle lui foutra son trente-six dans le cul. A cet enfoiré. Ou ce fils de pute si on veut être vulgaire. Mais bon, Merope Gaunt n’était pas franchement quelqu’un de recommandable.

« Pourtant, je suis belle et bien humaine. Je n’ai jamais eu de pouvoirs. C’est Le Chat qui parle. » Une héroïne ? Elle ? Non pas vraiment. Elle a foncé dans le tas et mis en danger la vie de ses parents avec son intrépidité. Maintenant, était-elle plus réfléchie ? Bien sûr que non. Coraline restait Coraline. Impulsive, bornée et caractérielle. Même si sa facette douce ressortait largement dans les discussions avec ses amis. « Vendu ! J’adore le thé. » Elle était anglaise après tout. Et elle ne rechignait jamais sur ce qui pouvait lui rappeler son pays. La jeune femme vint sourire à Lily avec douceur. Réellement contente de s’en être faite une amie.

« Bah… » Elle se mit à devenir pivoine et était un peu gênée de devoir partager ça avec une inconnue. Mais il est vrai que Thor et elle étaient très proches. Trop proches. Assurément un couple même si elle ne voulait pas avoir la discussion. La fameuse discussion. « Je sais que tout est réciproque. Mais, je repousse le fait de me mettre en couple. Il est immortel, pas moi. C’est un dieu, je suis humaine. Et… sa femme est magnifique alors que moi… » Elle eut un petit rire avant de baisser la tête. « Il ne s’en rappelle pas. D’elle, je veux dire. Ni de sa vie d’avant. Nous avons les livres qui en parlent mais il ne veut pas s’en souvenir. Mais je ne veux pas penser à ce qui se passera si ça revient et s’il m’abandonne un jour. Donc je… je préfère qu’on garde notre statut pour le moment. » Faux, mensonge éhonté. Elle aimerait qu’ils soient plus mais Coraline a trop peu confiance en elle ou est trop poule mouillée pour l’assumer.

« Justement, Sirius vous a dit de prendre Peter pour un coup de poker. Et il vous a vendu. » Elle se met donc à lui raconter toute l’histoire qu’elle a conté à Dorcas. Comment Pettigrow a pris la baguette de Voldemort, le duel avec Sirius. Elle allait en dire plus quand elle décide se taire. La pauvre ne voulait pas traumatisée Lily plus que nécessaire. « Parce que le livre s’appelle Harry Potter et pas Jiminy Cricket. » La réponse à la question était évidente et nullement compliquée. « L’autrice est une sadique. »

« Petunia a toujours été jalouse que tu sois une sorcière et elle normale. Puis son mari avait une aversion complète pour ton fils. Je pense que l’autrice voulait qu’on prenne Harry en pitié. Et qu’elle nous a fait croire que Petunia était un monstre. Mais à discuter avec toi ou Dorcas, je me rends compte que son récit est de la pure connerie. » Elle maintient Lily pour venir l’amener contre elle dans une étreinte réconfortante. La jeune femme voit bien une ombre bouger dans un coin et décide de s’écarter. « Viens ! Allons prendre notre thé. Mais ne prends pas pour argent comptant ce que cette conne a écrit. Dorcas est censée être morte tu sais. Et elle est belle et bien en vie en train de casser les oreilles ou de piétiner les pelouses. » Elle eut un sourire engageant avant de le voir passer devant ses yeux le maudit reptile. « Tu m’expliques pourquoi y’a un anaconda dans ta librairie ? »

Coraline côtoyait du monde qui avait des pouvoirs. Dorcas, Thor et maintenant Lily… Même son animal de compagnie puisqu’il était doué de paroles. Et que c’était plus contraignant qu’autre chose. Doucement la jeune femme tente de se détendre mais son manque de confiance en elle la pousse à se renfermer davantage. Il n’y avait que Thor ou son félin pour être capable de lui faire reprendre confiance mais pas une inconnue. « Il est immortel et pas moi. Je ne suis qu’une humaine ou midgardienne selon leurs termes. Je sais que dans les livres que j’ai lus, il avait une femme magnifique. Une viking et je suis juste une calamité. Je me blesse tout le temps, je ne tiens pas sur mes deux jambes et je manque de confiance. Puis, je lui envoie des signaux assez évidents et il ne se bouge pas cet imbécile. » Elle n’était pas en colère contre lui. Après tout, il n’a jamais été le couteau le plus aiguisé de la cuisine. Ou du tiroir. Le pauvre Thor se retrouvait à vivre avec une tornade. La jeune femme bougeait dans tous les sens et allait plus vite que la musique. Puis, il y avait ses cauchemars qui ne la quittaient jamais.

« Je sais. Pour ma part, le livre qui parle de moi est très déstabilisant. Mais le pire, c’est le film. On me dépeint comme une peste. » Qui parlait mal à ses parents, qui leur en voulait pour quelque chose. Non, Coco n’était pas de la sorte. Oui, elle avait eu des disputes avec sa mère avant sa mort. Mais rien de bien méchant. Pas au point de… Si, elle avait contribué à leur enlèvement mais Charlie et Mel n’étaient pas aussi cruels et désintéressés que dans le dessin-animé. Doucement, elle s’approche en guise de soutien pour que la rouquine ne tombe pas dans les pommes. La jeune femme avait adoré dévorer cet ouvrage. Mais maintenant qu’elle les connaissait en vrai, pouvait-elle réellement dire que le récit était fidèle à la réalité ? « Elle a eu la même réaction que toi. Je crois que je suis annonciatrice de mauvaises nouvelles… » Super. Elle qui avait déjà le moral dans les baskets.

La brune se tourne pour voir l’énorme serpent et recule. Non pas qu’elle ait la phobie de ces sales bêtes mais les signes ne sont pas porteurs de bonne nouvelle. « Attends… ton collègue se balade avec un anaconda en guise d’animal de compagnie ? Brr. J’aimerai pas être sa copine. » Dans sa tête, le mec était à moitié humain, à moitié serpent. Et elle n’aurait pas aimé dormir avec un reptile. Assise sur sa chaise, elle étendit ses jambes et surveilla du coin de l’œil les allers et venus du gros reptile. Non, vraiment, sa présence lui faisait froid dans le dos. « Tu sais, je peux me tromper… » Lily était d’une telle pâleur qu’elle se sentait sur le point de rattraper le tir. « Peut-être que Rowling était une cracmol qui avait la haine et elle a tout inventé. Mais en tout cas, ton fils finira par le vaincre. Voldemoche. » Un mal pour un bien même si Harry avait eu une vie misérable. « Hm. Un truc sucré. J’aime les thés gourmands. Mais viens t’asseoir. On dirait que tu vas tomber dans les pommes… »

Coraline était mal à l’aise de parler de cette peur d’être une humaine toute simple. Après tout, l’homme vers qui son cœur battait avait des pouvoirs magiques. Elle devait sans cesse composer avec ça et surtout ne savait pas comment lui dire. Elle n’a jamais été très à l’aise avec les déclarations d’amour ou l’amour en général. La jeune femme préfère de loin rester passive. Elle a eu des expériences dans le passé qui se sont très mal déroulées. Elle a fini blessée, toute seule, consolée par son félin. Donc était-elle prête à recommencer une relation avec son lion ? Lui qui ne comprenait déjà pas comment être un simple humain. Elle écoute Lily et elle doit dire que la rouquine est exactement comme elle l’avait imaginé. « Comment t’as su toi ? Pour James ? Parce que bon, ton mari c’est pas… enfin c’est un harceleur quand même. Ce qu’il a fait à Severus… » Elle baisse les yeux et n’ose pas lui parler de son meilleur ami. De son implication dans la mort de la femme qu’il aimait. Elle joue avec ses mains et décide de fermer quelque peu sa bouche, consciente qu’elle avait fait assez de révélations pour le moment.

« C’est assez fidèle me concernant. C’est juste une histoire d’horreur. » Alors qu’Harry Potter est un livre pour les enfants. Coco ne pouvait pas jalouser Lily pour ça. Elle était incapable d’éprouver ce genre de sentiments haineux envers quelqu’un. Certes, la rancune, une envie de vengeance mais ni possessivité, ni jalousie. Pour cause qu’elle savait sa propre valeur et qu’elle ne se considérait pas en haute estime. « Quand j’étais petite, je rêvai de… d’aller à Poudlard. D’avoir ma lettre. Puis finalement, je suis passée par la petite porte et… Non. Je pense que j’irai plutôt à Narnia. » Elle a un petit rire avant de déglutir péniblement. Elle ne fantasmait pas trop sur Narnia non plus. C’est juste qu’en tant que grande insomniaque, elle avait dévoré des pages et des pages. Vus des documentaires. Coraline préférait se réfugier dans la télé ou les livres que dans la réalité. Cette réalité où elle avait mis ses parents en danger, où elle avait failli y laisser la vie entre les mains d’un monstre abject.  

Son petit corps frissonna en se rappelant la sensation des doigts glacés de l’autre mère sur son corps. Ça lui reprenait encore la nuit et même si les années ont passé, elle s’est réveillée en proie à une terreur indissociable. « Un anaconda quand même. C’est un sorcier comme toi ? » Elle la fixe alors que Lily sert le thé, les mains tremblantes. Coraline déglutit et elle attend que sa nouvelle amie soit assise pour se pencher et poser doucement sa main sur la sienne. Elle voudrait l’étreindre mais elle se contente de ce tout petit geste. « Oui. Il arrive à le vaincre, termine sa scolarité et se marie. Il a trois enfants. James, Lily et Albus Severus. Car, oui, Severus l’a aidé dans sa tâche. A sa manière. » Encore une fois, elle se mordit la lèvre et vint prendre une gorgée de thé. « Puis si ça se trouve, vous lui ferez des petits frères et des petites sœurs ? »