Une douce odeur de jus de citrouille mélangée à celle du pain d’épice commença à se diffuser chez Fleury & Bott, la librairie spécialisée dans les ouvrages pour sorciers et moldus. Au fils des mois, Lily aménageait la librairie à sa sauce. De l’extérieur, sa librairie ressemblait à une boutique hors du temps. Elle disposait d’étagères vieillottes qui débordaient de livres, des rideaux bordeaux aux reflets d’or qui lui rappelait sa deuxième maison, ainsi que de vieux meubles en bois qui la rendait particulièrement cosy.

Durant l’une de ses escapades dans les rues de Shadowfen, la jeune femme était tombée sur une boutique qui vendait des encens à l’odeur familière. Elle s’était empressée de les acheter et de les installer dans sa boutique. La jeune sorcière respira l’odeur à plein poumon et afficha un sourire ravi. Elle avait presque la sensation de retourner sur le chemin de traverse. On ne se rend compte de la valeur des choses que lorsqu’on les perdait. C’était bien ce que disait la citation non ? Lily ne se serait jamais imaginée un jour vivre loin du monde sorcier, et chaque jour, elle se rendait compte que cette vie lui manquait terriblement.

Peut-être ne s’investissait-elle pas assez dans cette ville, c’était ce qu’elle pensait chaque fois qu’elle voyait son amie Dorcas qui s’était parfaitement acclimatée à cet endroit. Mais, elle peinait à trouver ses nouvelles marques. Elle finirait sûrement elle aussi par trouver ses marques. Mais les choses seraient beaucoup plus simples si James se trouvait à ses côtés. Elle rêvait souvent de le voir passer la porte de sa boutique, son éternel sourire accroché aux lèvres. Elle se précipiterait Dans ses bras et ne le lâcherait plus. Puis, elle se réveillait seule dans son lit et se rappelait qu’il faudrait peut-être qu’elle pense à aller adopter un chat. Au moins, elle aurait un peu plus de compagnie.

Néanmoins, ses journées dans la boutique constituaient une excellente occupation pour lui changer les idées. Elle adorait quand sa boutique ne désemplissait pas et qu’elle guidait les clients parmi les nombreuses étagères surchargées de sa boutique. Elle avait commencé à retenir presque par cœur tout ce qu’il s’y trouvait. Et lorsqu’elle avait un trou de mémoire, un coup de baguette l’aidait à y voir un peu plus clair.

Lily peinait encore à s’accoutumer au fait que la magie ne soit pas à cacher dans ce monde. Les moldus et les sorciers vivaient dans une harmonie étonnante. Mais cela lui donna grande inspiration. Après avoir vécu ici, elle était presque convaincue que lorsqu’elle retournerait dans son monde, elle pourrait essayer de se battre pour un nouveau monde, un monde où les sorciers et les moldus vivraient eux aussi en harmonie. Même si ce n’étaient que des rêves, si ces deux mondes pouvaient se rassembler, peut-être, qu’elle pourrait rassembler sa famille et celle de Pétunia… Même malgré leurs disputes, sa sœur, restait sa sœur.

« Bienvenue chez Fleury & Bott ! » Entonna Lily en voyant un joli visage souriant entrer dans sa boutique. « J’espère que vous trouverez ici votre bonheur. Cherchez-vous quelque chose en particulier ou êtes-vous simplement venu vous promener ? »

L’arrivée de l’hiver avait quelque chose de profondément réconfortant. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la rousse avait tendance à trouver cette période réconfortante. Souvent, elle se réchauffait en ensorcelant un petit pot en verre dans lequel dansait une jolie flamme bleue. Elle adorait porter des gros manteaux chauds, des écharpes et des gants. L’hiver était aussi la période de l’année où elle adorait mettre son nez dans le placard de James et lui emprunter ses pulls les plus larges. Elle s’emmitouflait dedans et respirait son odeur réconfortante tout au long de la journée. Ce qu’elle aimait également, avec l’arrivée de l’hiver c’était de voir le chemin de traverse se remplir de sorcier qui se préparaient pour les fêtes de noël. Elle adorait voir les enfants sorciers coller leurs nez contre les vitrines, les yeux écarquiller rêvant déjà ce qu’ils auraient lors du réveillon de Noël.

Son cœur se serra légèrement dans sa poitrine. Lily aurait adoré devenir maman, et elle projetait de le devenir après son mariage avec James. Après tout, même si elle avait longtemps pensé le contraire, elle avait rencontré l’amour de sa vie et elle ne se voyait pas vivre loin de lui, même si elle y était contrainte aujourd’hui. Cependant, la rouquine était persuadée que si elle continuait d’y croire, elle finirait par retrouver son mari et ils pourraient reprendre leur vie là où ils l’avaient laissé. Souvent, au petit matin, elle oubliait où elle était car dans ses rêves, elle retrouvait sa vie d’avant. Le choc était de moins en moins dur à supporter, mais c’était tout de même douloureux chaque matin de se lever du lit.

Elle s’était promis que lorsque sa route croiserait à nouveau celle de James, elle prendrait une photo d’eux deux qu’elle garderait en permanence sur elle au cas-où ils se retrouvaient à nouveau dans ce genre de situation. Elle aurait chérie une photo à poser sur sa table de chevet, comme celle de leur mariage qu’elle regardait avec bonheur chaque soir avant de s’endormir. Elle aimait se souvenir de ce qu’elle faisait avant d’arriver à Shadowfen. Elle s’était endormie paisiblement dans la chaleur réconfortante des bras de James juste après un bon repas. Elle avait évoqué à son mari qu’elle se sentait fatiguée, mais le lendemain ils avaient rendez-vous avec les membres de l’ordre du phoenix pour suivre l’avancée de leurs missions contre le seigneur des ténèbres. Elle espérait que la lutte continuait dans leur monde et que James ne se sentait pas trop accablé par sa disparition. Elle n’avait pas envie de savoir son mari triste. Cette simple image lui brisait le cœur.

Elle balaya cette pensée au fin fonds de sa boutique, dans la réserve où étaient encore en carton les toutes dernières arrivées qu’elle n’avait pas encore eu le temps de déballer, et se concentra sur la nouvelle arrivante, qu’elle accueilli avec une expression chaleureuse. Lily ne l’avait encore jamais vu dans sa boutique et elle adorait accueillir de nouveaux clients. Lily essayait de se souvenir de tout ce que ses visiteurs achetaient dans sa boutique à la manière d’ollivender avec les baguettes qu’il fabriquait. Elle avait toujours admiré cette vieille famille de sorcier.

« Et bien, pour tout vous dire, je n’ai pas seulement des romans moldus, j’ai aussi tout un tas d’ouvrage tirés d’auteurs sorciers. Je ne sais pas si c’est ce que vous appelez des ouvrages qui sortent de l’ordinaire ? » Lily lui offrit un immense sourire chaleureux. « J’en ai de tous types, des romans d’aventures, des histoires d’amour, des histoires inspirées de faits réels, des biographies, des romans d’enquêtes… » Commença-t-elle à énumérer. « Mais j’ai aussi des romans plus classiques et des livres qui sont disons, moins ensorcelant. » S’amusa-elle ensuite.

Lorsqu’elle était dans sa boutique, Lily fonctionnait comme lorsqu’elle était sur le chemin de traverse, peu importe qui entrait dans sa boutique, elle les conseillait du mieux qu’elle pouvait que ce soit en littérature sorcière ou en littérature moldu. Bien-entendu, lorsque cela concernait la littérature moldu, elle ne possédait pas beaucoup d’ouvrage peu connu. Elle adorerait pouvoir continuer de gonfler l’offre de sa librairie, mais à Shadowfen, cela ne semblait pas aussi simple que sur le chemin de traverse où en quelques hiboux, ils recevaient montagnes d’ouvrages.

« Quel genre de livre est-ce que vous aimez ? Je n’ai pas que des romans, j’ai aussi des manuels scolaires… Mais je pense que ça ne vous intéresserait pas spécialement ? » Supposa-t-elle d’une voix douce. La jeune femme semblait être dans la même tranche d’âge qu’elle, l’école était terminée. « Disons, que j’ai beaucoup de chose et que vous semblez bien connaître les livres. Voulez-vous que je vous face la visite de la boutique pour voir ce que je propose ? »

Fleury et Bott suivait une logique qui n’était bonne qu’à Lily. Mais chaque roman avait sa place et chaque étagère avait son genre. Les romans d’amour étaient, comme chaque genre littéraire, scindé en deux avec une partie moldu et une partie sorcière. Elle ne saurait dire quel était le genre qu’elle préférait, mais que ce soit des livres sorciers ou des livres moldus, les livres étaient souvent excellents.

Au centre de la boutique, sur une immense table en mois, Lily y exposait ses coups de cœurs. Seul le soir, elle avait beaucoup de temps pour lire et pour modifier cette table au gré de ses nombreuses lectures tardives. Elle avait terminé la veille au soir une histoire d’amour parsemée d’aventures qu’elle comptait installer sur cette table dans les prochains jours. Maintenant, elle devrait trouver quelle serait sa prochaine lecture. Elle avait envie de quelque chose de léger, quelque chose qui se lisait avec le cœur et qui vous le réchauffait. Ce genre de lecture qui vous marquait à vie.

D’un geste de la main, elle encouragea la brune à la suivre dans la boutique pour lui faire une petite visite guidée. La boutique n’était pas grande, mais elle pourrait lui conseiller ses livres favoris en fonctions des différentes étagères. Elle espérait que la jeune femme se livrerait sur les livres qu’elle aimait, car elle pourrait en faire découvrir à Lily, mais aussi l’aiguiller sur ce qu’elle pourrait aimer.

Lors de son arrivée au Lost People, Lily n’avait pas précisé qu’elle était une sorcière. Elle savait que les moldus ne devaient pas apprendre que les sorciers existaient. Enfin, elle avait été persuadée un long moment que Shadowfen suivait les mêmes logiques que le monde duquel elle venait. Alors, elle avait simplement expliqué qu’elle était libraire et qu’elle voudrait le rester.

On lui avait d’abord proposé de postuler à la librairie de la ville, mais elle avait tout de suite eu envie d’ouvrir sa propre librairie, très similaire à celle qu’elle avait toujours connue afin que si ses proches arrivaient en ville, ils puissent plus facilement la trouver. Alors elle avait ouvert Fleury et Bott et l’avait aménagé pour avoir la sensation de pouvoir remonter le temps, d’une certaine manière. Elle avait besoin de ce sentiment réconfortant qui l’habitait quand elle était ici.

Lors de ses premières commandes d’ouvrage, elle avait été surprise de constater que les romans sorciers avaient mélangés aux romans Moldus et elle n’avait pas très bien compris pourquoi. Puis, l’évidence lui avait sauté aux yeux : ici, personne ne s’inquiétait que les sorciers existent où vivent tranquillement. Alors, elle avait fini par accepter de pouvoir révéler sa magie et ce qu’était la vie dans leur monde. Ici, plus rien n’existait.

« Pardon, j’oublie souvent que tout le monde ne sait pas ce que sont des moldus. » Elle lui offrit un sourire très chaleureux avant de reprendre ses explications : « Dans mon monde, les moldus sont des personnes qui n’ont pas de pouvoirs magiques. En somme, des personnes tout à fait normales. Il me semble que dans d’autres pays, on les appelle aussi des « non-maj ». »

Elle était ravie d’avoir attisé la curiosité de la nouvelle arrivante en parlant de romans sorciers. C’était là que se trouvait toute l’originalité de sa boutique. Elle adorait pouvoir expliquer à ceux qui n’étaient pas dotés de la magie comment était son monde. Pourquoi ? Parce qu’au fond d’elle, une petite partie de son cœur aurait toujours voulu que sa sœur s’y intéresse de la même manière. Qu’elle soit elle aussi intriguée et intéressée par tout ce qui lui était arrivé. Elle aurait voulu que sa sœur ne soit jamais jalouse de sa nature de sorcière. Comment les choses se seraient-elles passées si elles avaient toutes les deux étés des sorcières ?

« Et bien, d’une certaine manière, on peut considérer qu’elles sont un peu similaires. Néanmoins, je trouve qu’elles ont toujours un petit quelque chose en plus. Laissez-moi vous conseillez mes préférés, vous pourrez me dire ce que vous en avez pensé ! » Elle décida alors de se retourner vers une étagère qui était remplie de romans d’aventures sorcières.

Elle avait déjà quelques petits titres en tête. En vérité, elle pensait conseiller la jeune femme une fois leur tour de boutique terminé afin qu’elles puissent alors totalement se concentrer sur le roman idéal qui accompagnerait sa prochaine lecture. Lily pensait notamment aux contes de Beedle le barde. Elles ne les avaient pas connus lorsqu’elle était enfant, mais ils l’avaient enchanté lorsqu’elle les eut découverts.

« Oh je vous comprends. J’aime les histoires d’aventures, mais je dois avouer que mon cœur se tourne plus facilement vers les belles histoires d’amour. Je crois que je suis un peu trop fleur bleu parfois. » S’amusa-t-elle. Heureusement que les goûts en matière de lectures étaient aussi variés qu’il existait de lecteurs.

Elle aimait partager sa passion pour les livres, mais elle aimait aussi que les clients de sa boutique puissent revenir en s’extasiant sur la lecture qu’elle leur avait proposée.

« Alors, voyons voir. La visite risque d’être rapide, la boutique n’est pas grande. Mais cela pourra peut-être vous aider… Suivez-moi. Au fait, je m’appelle Lily. Enchantée. » Se présenta Lily avant de commencer la visite guidée de la librairie.

Lily entraîna Zephyr à sa suite dans la boutique et lui présenta chaque étalage les uns après les autres. En premier lieu, les romans d’aventures et d’actions, puis les romans d’amour, les thrillers, les bandes dessinées et tout au fond de sa boutique les livres qui ne traitaient que du monde magique. Certains ne semblaient pas parler de Poudlard en tant que tel, mais elle ne savait pas encore de quoi ils pouvaient bien parler. Elle devait absolument découvrir les origines de ses livres afin de pouvoir mieux les conseiller.

Parler de Poudlard, de sa magie, de Prés-au-lard, du chemin de traverse, de ses parents, de sa sœur étaient autant de choses qu’elle adorait. Tout comme elle aimait entendre parler d’autres personnes de leurs mondes d’origines. Même si elle ne s’était pas encore fait beaucoup d’amis, elle avait facilement compris qu’ils venaient tous de mondes différents. La plupart du temps, elle avait tout de même tendance à l’oublier. Dans son esprit, elle ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’indirectement, ils devaient tous venir du même endroit.

« Eh bien, lorsqu’ils étaient au courant que la magie existait, oui. Ils s’appelaient eux-mêmes des moldus. Mais, dans mon monde, nous ne pouvions pas vivre ouvertement devant tout le monde en tant que tels. Nous devions cacher nos pouvoirs. Mais par exemple, mes parents et ma sœur étaient des moldus et ils se dénommaient ainsi lorsqu’ils étaient amenés à rencontrer des sorciers. » Expliqua-t-elle simplement en mettant l’une de ses mèches de cheveux rebelles derrière son oreille. « Il n’y a qu’à Shadowfen qu’on peut vivre avec notre magie sans se préoccuper d’être vu par qui que ce soit. J’y ai pris l’habitude. Je pense que j’aurais beaucoup de mal à me réhabituer à mon monde d’une certaine manière. »

Elle offrit un nouveau sourire à la brune lorsque cette dernière précisa que Lily était sans aucun doute une grande fan de lecture. La rousse avait toujours aimé les livres, mais elle passait beaucoup plus de temps à lire depuis qu’elle était arrivée ici. C’était l’unique activité qui lui permettait de ne pas penser à tout ce qui continuait de lui manquer. Elle devrait finir par se faire à cette idée, mais pour le moment elle n’y parvenait pas.

« C’est vrai. Surtout, depuis que je suis arrivée ici. Disons que les livres me permettent de passer le temps le soir. Et que j’ai beaucoup de choses à découvrir. » Avoua-t-elle. Elle était certaine qu’ils partageaient tous plus ou moins le même fardeau en étant arrivé ici.

En effet, la plupart de ces romans ne l’entouraient pas lorsqu’elle travaillait encore au Fleury et Bott du chemin de traverse. Ici, c’était un joli condensé de plusieurs « mondes » si elle pouvait dire cela. Elle aimait pouvoir mettre la littérature moldu et la littérature sorcière au même niveau. Parce que ce monde lui confirmait que oui, les deux parties pouvaient vivre ensemble en harmonie, si on leur laissait réellement l’opportunité de le faire.

« Oh… Intéressant. Parlez-moi du monde d’où vous venez ! Il doit être palpitant si vous me dites que c’est lui qui fait que vous aimez plus les romans fantastiques et d’aventures ! » Elle se tourna vers elle, se pendant à ses lèvres en attendant qu’elle lui compte comment était l’univers duquel elle venait.

Enfin, elle mettait un nom sur un visage. Cela n’arrivait pas avec tous ses clients, même certains qui revenaient régulièrement. Il arrivait qu’elle mette plusieurs mois avant de pouvoir obtenir un simple prénom. Lorsqu’elle connaissait leur nom et leur prénom, elle adorait pouvoir les accueillir en utilisant leurs noms.

« Vous avez un très joli prénom. Très original ! » La complimenta-t-elle.

Les livres du fond de sa boutique étaient ceux qu’elle choyait le plus. Non pas, parce qu’ils étaient ses préférés, mais parce qu’ils étaient la preuve qu’elle n’était pas folle. Parfois, elle se demandait si elle n’avait pas inventé toute sa vie d’avant et qu’en réalité, elle avait toujours vécu à Shadowfen, mais ne s’en souvenait pas. Alors, oui, elle y avait retrouvé Dorcas. Mais… Et si ? Elle avait lu un roman sur l’histoire d’une jeune femme qui était persuadée d’avoir vécu une vie passionnante pour finalement se rendre compte qu’elle avait vécu des années dans le coma. Parfois, il est vrai qu’elle craignait de se réveiller à tout moment. Alors, elle utilisait sa baguette, jetait un sort et se réconfortait en se rappelant que tout était bien réel.

« Tous ces livres sont sur les enseignements que suivent les sorciers lorsqu’ils rentrent à l’école, pour la plupart. D’autres traitent juste de notre monde magique dans sa globalité. Certains parlent de nos créatures magiques, d’autres de nos plantes, d’autres de nos sortilèges. Avez eux, vous apprendriez tout ce qu’il se passe chez moi. Voudrez-vous en voir un sur un thème en particulier ? »